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parvenue en passant du degré inférieur au degré supérieur de la conscience religieuse. C’est pourquoi le christianisme et tous ceux qui le professent dans son véritable sens ne sauraient ne pas se montrer tolérants, puisque les chrétiens savent qu’ils ont atteint à une certaine hauteur et à une certaine netteté de la conscience religieuse, uniquement grâce à la marche incessante de l’humanité, des ténèbres à la lumière. Conscients de ne posséder qu’une partie de la vérité, de la vérité qui se découvre et s’élève de plus en plus par l’effort commun des hommes, ils ne doivent, en présence des religions nouvelles, contraires à la leur, ni les blâmer, ni les rejeter, mais au contraire les saluer avec joie, les étudier, comparer leur religion à ces religions inconnues, rejeter ce qui est contraire à la raison, accepter ce qui éclaircît et élève la vérité qu’ils professent et s’affermir dans ce qui est commun à toutes les croyances.

Tel est le caractère de la religion chrétienne en général, et c’est ainsi qu’agissent les hommes qui professent le christianisme.