— Oh ! nous sommes d’excellents amis, reprit en souriant Swiagesky, mais il est un peu toqué. Ainsi il considère les semstvos comme parfaitement inutiles, et ne veut pas y prendre part.
— Voilà bien notre insouciance russe ! s’écria Wronsky : plutôt que de nous donner la peine de comprendre nos nouveaux devoirs, nous trouvons plus simple de les nier.
— Je ne connais pas d’homme qui remplisse plus strictement ses devoirs, dit Dolly, irritée du ton de supériorité de son hôte.
— Pour ma part je suis très reconnaissant de l’honneur qu’on me fait, grâce à Nicolas Ivanitch, de m’élire juge de paix honoraire ; le devoir de juger les affaires d’un paysan me semble aussi important que tout autre : c’est ma seule façon de m’acquitter envers la société des privilèges dont je jouis comme propriétaire terrien. »
Dolly compara l’assurance de Wronsky aux doutes de Levine sur les mêmes sujets, et, comme elle aimait celui-ci, dans sa pensée elle lui donna raison.
« Ainsi nous pouvons compter sur vous pour les élections, dit Swiagesky ; il sera peut-être prudent de partir avant le 8. Si vous me faisiez l’honneur de venir chez moi, comte ?
— Pour ma part, remarqua Anna, je suis de l’avis de monsieur Levine, quoique probablement pour des motifs différents ; les devoirs publics me semblent se multiplier avec exagération ; depuis six mois que nous sommes ici, Alexis fait