Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 2.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

drovitch en fronçant le sourcil. Très heureux de vous avoir rencontrée. »

Et il regagna sa voiture.

« Vous viendrez ? » cria encore Dolly. Karénine répondit quelques mots qui ne parvinrent pas jusqu’à elle.

« J’entrerai chez toi demain ! » cria aussi Stépane Arcadiévitch.

Alexis Alexandrovitch s’enfonça dans sa voiture comme s’il eût voulu y disparaître.

« Quel original ! » dit Stépane Arcadiévitch à Dolly ; et regardant sa montre il fit un petit signe d’adieu caressant à sa femme et à ses enfants, et s’éloigna d’un pas ferme.

« Stiva, Stiva ! lui cria Dolly en rougissant.

Il se retourna.

« Et l’argent pour les paletots des enfants ?

— Tu diras que je passerai. »

Et il disparut, saluant gaiement au passage quelques personnes de connaissance.


CHAPITRE VII


Le lendemain, c’était un dimanche, Stépane Arcadiévitch, entra au Grand-Théâtre pour y assister à la répétition du ballet ; et, profitant de la demi-obscurité des coulisses, il offrit à une jolie danseuse qui débutait sous sa protection la parure de corail qu’il lui avait promise la veille. Il eut même le temps d’embrasser le visage radieux de la jeune fille,