dans la cour, et démontra à Yashvine la supériorité de la Russie sur la Prusse, notamment dans les charges de cavalerie, et la gaieté se calma un moment ; Serpouhowskoï alla se laver les mains dans le cabinet de toilette, et y trouva Wronsky qui se versait de l’eau sur la tête ; il avait ôté son uniforme d’été et s’arrosait le cou. Quand il eut fini ses ablutions, il vint s’asseoir près de Serpouhowskoï, et là sur un petit divan ils causèrent.
« J’ai toujours su tout ce qui te concernait par ma femme, dit Serpouhowskoï ; je suis content que tu la voies souvent.
— C’est une amie de Waria, et ce sont les seules femmes de Pétersbourg que j’aie plaisir à voir, répondit Wronsky avec un sourire, prévoyant la tournure qu’allait prendre la conversation, et ne la trouvant pas désagréable.
— Les seules ? demanda Serpouhowskoï en souriant aussi.
— Oui ; moi aussi, je savais ce qui te concernait, mais ce n’était pas par ta femme seulement, dit Wronsky coupant court à toute allusion par l’expression sérieuse que prit son visage. J’ai été très heureux de tes succès, sans en être le moins du monde surpris. J’attendais plus encore. »
Serpouhowskoï sourit ; cette opinion le flattait, et il ne voyait pas de raison pour le dissimuler.
« Moi, je n’espérais pas tant, à parler franchement ; mais je suis content, très content ; je suis ambitieux, c’est une faiblesse, je ne m’en cache pas.