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Levine redevenait enfant avec des enfants, surtout à la campagne et dans la société de Dolly, pour laquelle il éprouvait une véritable sympathie ; celle-ci aimait à le voir dans cette disposition d’esprit, qui n’était pas rare chez lui ; elle s’amusa de la gymnastique à laquelle il se livrait avec les petits, de ses rires avec miss Hull, à laquelle il parlait anglais à sa façon, et de ses récits sur ce qu’il faisait chez lui.

Après le dîner, seuls ensemble sur le balcon, il fut question de Kitty.

« Vous savez, Kitty va venir passer l’été avec moi ?

— Vraiment, répondit Levine en rougissant ; et il détourna aussitôt la conversation…

— Ainsi, je vous envoie deux vaches, et si vous tenez absolument à payer, et que cela ne vous fasse pas rougir de honte, vous donnerez cinq roubles par mois.

— Mais je vous assure que cela n’est plus nécessaire. Je m’arrange.

— Dans ce cas, j’examinerai, avec votre permission, vos vaches et leur nourriture : tout est là. »

Et pour ne pas aborder le sujet épineux dont il mourait d’envie de s’informer, il exposa à Dolly tout un système sur l’alimentation des vaches, système qui les rendait de simples machines destinées à transformer le fourrage en lait, etc. Il avait peur de détruire un repos si chèrement reconquis.

« Vous avez peut-être raison, mais tout cela exige