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à se montrer moins Européen qu’il ne l’était en réalité.

Le prince revint maigri, avec des poches sous les yeux, mais plein d’entrain, et cette heureuse disposition d’esprit ne fit qu’augmenter quand il trouva Kitty en voie de guérison.

Les détails que lui avait donnés la princesse sur l’intimité de Kitty avec Mme Stahl et Varinka, et ses remarques sur la transformation morale que subissait leur fille, avaient attristé le prince et réveillé en lui le sentiment habituel de jalousie qu’il éprouvait pour tout ce qui pouvait soustraire Kitty à son influence, en l’entraînant dans des régions inabordables pour lui ; mais ces fâcheuses nouvelles se noyèrent dans l’océan de bonne humeur et de gaieté qu’il rapportait de Carlsbad.

Le lendemain de son arrivée, le prince, vêtu de son long paletot, ses joues, un peu bouffies et couvertes de rides, encadrées dans un faux-col empesé, alla à la source avec sa fille ; il était de la plus belle humeur du monde.

Le temps était splendide ; la vue de ces maisons gaies et proprettes, entourées de petits jardins, des servantes allemandes à l’ouvrage, avec leurs bras rouges et leurs figures bien nourries, le soleil resplendissant, tout réjouissait le cœur ; mais, plus on approchait de la source, plus on rencontrait de malades, dont l’aspect lamentable contrastait péniblement avec ce qui les entourait, dans ce milieu germanique si bien ordonné.