Page:Tolstoï - Anna Karénine, 1910, tome 1.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Je ne sais pas, répondit l’enfant. Elle ne veut pas que nous prenions nos leçons ce matin et nous envoie avec miss Hull chez grand’maman.

— Eh bien, vas-y, ma Tania. Mais attends un moment », ajouta-t-il en la retenant et en caressant sa petite main délicate.

Il chercha sur la cheminée une boîte de bonbons qu’il y avait placée la veille, et prit deux bonbons qu’il lui donna, en ayant eu soin de choisir ceux qu’elle préférait.

« C’est aussi pour Grisha ? dit la petite.

— Oui, oui. » Et avec une dernière caresse à ses petites épaules et un baiser sur ses cheveux et son cou, il la laissa partir.

« La voiture est avancée, vint annoncer Matvei. Et il y a là une solliciteuse, ajouta-t-il.

— Depuis longtemps ? demanda Stépane Arcadiévitch.

— Une petite demi-heure.

— Combien de fois ne t’ai-je pas ordonné de me prévenir immédiatement.

— Il faut bien cependant vous donner le temps de déjeuner, repartit Matvei d’un ton bourru, mais amical, qui ôtait toute envie de le gronder.

— Eh bien, fais vite entrer », dit Oblonsky en fronçant le sourcil de dépit.

La solliciteuse, femme d’un capitaine Kalinine, demandait une chose impossible et qui n’avait pas le sens commun ; mais Stépane Arcadiévitch la fit asseoir, l’écouta sans l’interrompre, lui dit comment