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— Et toi, qu’as-tu fait ? as-tu gagné ?

— Huit mille roubles, dont trois qui ne rentreront peut-être pas.

— Alors je puis te faire perdre, — dit Wronsky en riant ; son camarade avait parié une forte somme sur lui.

— Je n’entends pas perdre. Mahotine seul est à craindre. »

Et la conversation s’engagea sur les courses, le seul sujet intéressant du moment.

« Allons, j’ai fini, — dit Wronsky en se levant. Yashvine se leva aussi en étirant ses longues jambes.

— Je ne puis dîner de si bonne heure, mais je vais boire quelque chose. Je te suis. Garçon, du vin, cria-t-il de sa voix tonnante. Cette voix était une célébrité au régiment. Non, au fait, c’est inutile, cria-t-il aussitôt après ; si tu rentres chez toi, je t’accompagne. »


CHAPITRE XX


Wronsky occupait une grande izba finnoise très propre, et divisée en deux par une cloison. Pétritzky demeurait avec lui au camp, aussi bien qu’à Pétersbourg ; il dormait lorsque Wronsky et Yashvine entrèrent.

« Assez dormi, lève-toi », dit Yashvine en allant