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en français… Entrez dans mon cabinet, vous y discuterez mieux votre affaire.

— Où cela vous conviendra », répondit le marchand sur un ton de suffisance dédaigneuse, voulant bien faire comprendre que si d’autres pouvaient éprouver des difficultés à conclure une affaire, lui n’en connaissait jamais.

Dans le cabinet, Rébenine chercha machinalement des yeux l’image sainte, mais, l’ayant trouvée, il ne se signa pas ; il jeta un regard sur les bibliothèques et les rayons chargés de livres, du même air de doute et de dédain qu’il avait eu pour la bécasse.

« Eh bien !… avez-vous apporté l’argent ? demanda Stépane Arcadiévitch.

— Nous ne serons pas en retard pour l’argent, mais nous sommes venus causer un peu.

— Qu’avons-nous à causer ? mais asseyez-vous donc.

— On peut bien s’asseoir, dit Rébenine en s’asseyant et en s’appuyant au dossier d’un fauteuil, de la façon la plus incommode. Il faut céder quelque chose, prince : ce serait péché que de ne pas le faire… Quant à l’argent, il est tout prêt, définitivement jusqu’au dernier kopeck ; de ce côté-là, il n’y aura pas de retard. »

Levine, qui rangeait son fusil dans une armoire et s’apprêtait à quitter la chambre, s’arrêta aux dernières paroles du marchand :

« Vous achetez le bois à vil prix, dit-il : il est venu