ches retroussées, lavait la calèche près du puits. — Selle-moi un cheval.
— Lequel ?
— Kolpik. »
Pendant qu’on sellait son cheval, Levine appela l’intendant, qui allait et venait autour de lui, afin de rentrer en grâce, et lui parla des travaux à exécuter pendant le printemps et de ses projets agronomiques ; il fallait transporter le fumier le plus tôt possible, de façon à terminer ce travail avant le premier fauchage ; il fallait labourer le champ le plus lointain, puis faire les foins à son compte, et ne pas faucher de moitié avec les paysans.
L’intendant écoutait attentivement, de l’air d’un homme qui fait effort pour approuver les projets du maître ; il avait cette physionomie découragée et abattue que Levine lui connaissait et qui l’irritait au plus haut point. « Tout cela est bel et bon, semblait-il toujours dire, mais nous verrons ce que Dieu donnera. »
Ce ton contrariait, désespérait presque Levine ; mais il était commun à tous les intendants qu’il avait eus à son service ; tous accueillaient ses projets du même air navré, aussi avait-il pris le parti de ne plus se fâcher ; il n’en mettait pas moins d’ardeur à lutter contre ce malheureux : « ce que Dieu donnera », qu’il considérait comme une espèce de force élémentaire destinée à lui faire partout obstacle :
« Nous verrons si nous en aurons le temps, Constantin Dmitritch.