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tourna le village pour n’être pas vu. Et bientôt il arriva chez lui. Au départ, il lui avait semblé difficile et même pénible de se traîner derrière Efim. Au retour, Dieu lui donnait de marcher sans fatigue. Il marchait sans y prendre garde, en jouant avec son bâton, et faisait soixante-dix verstes dans une journée.

Quand il arriva chez lui, les travaux des champs s’étaient heureusement faits. Les siens se réjouirent fort de revoir leur vieillard. On commença par lui demander comment et pourquoi il avait perdu son compagnon, pourquoi il était revenu au logis au lieu d’aller jusqu’au bout.

— C’est que Dieu ne l’a pas voulu, répondit-il. J’ai dépensé l’argent en route et j’ai laissé mon compagnon me dépasser. Et voilà : je n’y suis pas allé. Pardonnez-moi pour la gloire du Christ.

Et il rendit le reste de l’argent à sa « vieille ».