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mangea, passa sa petite chouba et son caftan, se ceintura, prit un morceau de pain et s’en alla dans la rue retrouver ses chevaux. Son frère aîné voulait l’accompagner ; mais Ivan se leva lui-même et sortit sur le perron.

L’obscurité était maintenant complète au dehors. Des nuages couvraient le ciel ; le vent se mit à souffler. Ivan descendit le perron, aida son fils à enfourcher un des chevaux, excita les poulains, s’arrêta, regarda et écouta : Taraska s’éloignait au galop, rejoignait d’autres moujiks de son âge, et tous sortaient du village.

Ivan resta ainsi pendant quelque temps auprès de la porte cochère, et il ne pouvait s’empêcher de ressasser les paroles de Gavrilo :

— Prends garde qu’il ne se chauffe pour toi quelque chose de pire !

« Il est homme à ne pas reculer, pensait-il. Il fait si sec, maintenant, et voici le vent qui s’en mêle. Il peut se faufiler quelque part en