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barbe. La foule accourut, et à grand’peine on sépara les combattants.

Ce fut de là que vint la brouille.

Gavrilo ramassa les poils de sa barbe, les mit dans du papier, et alla demander justice par devant le tribunal du bailliage.

— Moi, disait-il, je n’ai pas cultivé ma barbe pour que ce grêlé d’Ivan vienne me l’arracher.

Et sa femme racontait à qui voulait l’entendre qu’on allait juger Ivan et l’envoyer en Sibérie. Et leur haine s’envenima de plus en plus.

Dès la première heure, le vieux avait poussé à la conciliation ; mais les jeunes ne l’écoutaient guère.

— C’est une sottise, leur disait-il, c’est une sottise que vous faites-là ! D’une taupinière vous faites une montagne. Réfléchissez un moment ; tout ce bruit pour un œuf ! Les enfants ont ramassé un œuf ? — Grand bien leur fasse ! Dans un œuf, il n’y a pas grand’chose :