Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Voilà comment je serais, pensait-il, si j’avais pu acheter de la terre à perpétuité, et bâtir des maisons de campagne. J’aurais tout cela sous la main.

Et il songeait aux moyens d’avoir de la terre à perpétuité.

Pakhom vécut ainsi cinq ans. Il louait la terre et semait du blé. Les années étaient bonnes, le blé venait bien, et il gagnait de l’argent. Il n’avait qu’à se laisser vivre ; mais il était ennuyé de louer chaque année la terre ; c’est trop de souci : où il y a une bonne terre, le moujik accourt et la prend. S’il n’arrivait pas à temps, il n’avait plus où semer. Ou bien, une autre fois, il s’arrangeait avec des marchands pour louer un champ chez des moujiks ; déjà il l’avait labouré, quand les moujiks réclamèrent en justice et tout le travail fut perdu. S’il avait de la terre à lui, il ne s’inclinerait devant personne et tout irait bien.