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chef arriva, et demanda qui avait creusé le trou. Tous niaient. Ceux qui savaient ne voulaient point trahir Makar, car ils n’ignoraient pas qu’il serait, pour cela, battu jusqu’à la « demi-mort ». Alors le chef s’adressa à Aksénov :

— Vieillard, dit-il, toi qui es un homme juste, dis-moi devant Dieu qui a fait cela !

Makar Sémionovitch demeurait impassible, il regardait le chef sans se détourner vers Aksénov. Quant à Aksénov, ses bras et ses lèvres tremblaient, il ne pouvait proférer une seule parole.

— Me taire ! pensait-il ; mais pourquoi lui pardonner, puisque c’est lui qui m’a perdu ! Qu’il me paie ma torture. Parler… c’est vrai qu’on le fouettera jusqu’au bout… Et si ce n’est pas lui, s’il n’est pas l’assassin que je pense… Et puis, cela me soulagerait-il ?

Le chef renouvela sa demande.