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Avec l’argent ainsi gagné il acheta un Martyrologe, qu’il lisait lorsqu’il y avait de la lumière dans son cachot. Les jours de fête, il se rendait à la chapelle de la prison, lisait les Apôtres et chantait au chœur : il avait toujours sa jolie voix. Les autorités l’aimaient pour sa docilité ; ses compagnons l’avaient en grande estime et l’appelaient « grand-père » et « homme de Dieu ». Quand les prisonniers avaient quelque chose à demander, c’était toujours par Aksénov qu’ils faisaient présenter leur requête, et, quand les forçats se prenaient de querelle, c’était encore Aksénov qu’ils choisissaient comme arbitre.

De sa maison, personne n’écrivait à Aksénov, il ignorait si sa femme et ses enfants vivaient encore.

Un jour on amena au bagne de nouveaux forçats. Le soir, les anciens demandèrent aux nouveaux de quelles villes, de quels villages