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redevenue une vivante, et je reconnus Dieu sur son visage. Et je me souvins des paroles de Dieu : « Tu connaîtras ce qu’il y a dans les hommes. » J’appris ainsi qu’il y a dans les hommes l’amour. Heureux d’avoir la révélation d’une des paroles divines, je souris alors pour la première fois. Mais je ne pus apprendre tout à la fois ; je ne comprenais pas encore ce qui n’est pas donné à l’homme, et ce qui fait vivre les hommes.

Je vécus chez vous un an ; le barine vint commander des bottes, des bottes qui devaient durer un an sans tourner ni se déchirer. Je le regardai et je vis à côté de lui un de mes compagnons, l’ange de la mort ; personne ne le vit, hormis moi ; je le connaissais, je savais que le soleil ne serait pas encore couché quand l’âme du barine le quitterait, et je pensais :

— L’homme accumule pour un an, mais il