Page:Tolstoï - A la recherche du bonheur.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je retournai sur la terre, et j’emportai l’âme de la pauvre mère. Les enfants quittèrent le sein maternel, le cadavre retomba sur le côté gauche, écrasant le pied d’une des petites filles. Tandis que je m’élevai au-dessus du hameau, pour rapporter l’âme au Créateur, un tourbillon me saisit, mes ailes s’alourdirent ; elles retombèrent ; l’âme monta seule à Dieu, et je restai gisant à terre au bord du chemin.


XI


Et Sémen et Matréna comprirent alors qui ils avaient vêtu et nourri, qui avait vécu avec eux. Ils pleuraient de joie et d’émotion, et l’ange leur parla encore :

— Je restai seul sur le chemin, seul et nu. Je n’avais connu jusqu’alors aucune des misères