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l’isba. Un valet sauta du siège, ouvrit la portière : un barine, enveloppé d’un chouba, descendit du vozok et monta les marches du petit perron. Matréna ouvrit la porte toute grande. Le barine se baissa, entra dans l’isba, et se redressa : sa tête touchait presque au plafond, et il remplissait, à lui seul, tout un coin de la chambre. Sémen salua le barine avec étonnement. Jamais il n’avait vu des hommes pareils. Sémen était trapu, Mikhaïl fluet ; Matréna semblait une vieille bûche séchée. Cet homme paraissait venir d’un autre monde ; sa face rouge et pleine, son cou de taureau lui donnaient l’air d’être bâti en airain.

Après avoir soufflé avec force, le barine jeta sa fourrure, s’assit sur le banc, et dit :

— Lequel de vous est le patron cordonnier ?

Sémen s’avança :

— C’est moi, Votre Honneur, dit-il.

Le barine appela son valet.