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— Mikhaïl.

— Eh bien ! Mikhaïl, tu ne veux rien dire sur toi, c’est ton affaire ; mais il faut manger ; si tu fais ce que je te dirai, je te nourrirai.

— Que Dieu te sauve ! Enseigne-moi, montre-moi ce que j’ignore.

Sémen prit du chanvre et se mit à tordre le fil.

— Ce n’est pas malin, regarde.

Mikhaïl regarde, prend le chanvre à son tour, tord le fil, et aussitôt Sémen lui apprend à tailler, à coudre, à pousser l’alène, à mettre les semelles, à piquer les coutures. Dès la troisième journée, quelque travail qu’on lui montrât, Mikhaïl comprenait de suite ; il travaillait si proprement qu’on eût pu croire qu’il avait fait des bottes pendant cent ans. Il ne perdait pas une minute, mangeait peu ; l’ouvrage achevé, il restait dans son coin, les yeux en haut, en silence : parlant peu, ne