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vieilles braies et, les donnant à l’étranger, elle lui dit doucement :

— Prends, je vois que tu n’as même pas de chemise, habille-toi ; couche-toi où tu voudras, sur le banc ou sur le poêle.

L’étranger ôta le caftan, mit la chemise et les braies et s’étendit sur le banc. Matréna souffla la chandelle, ramassa le caftan et grimpa sur le poêle à côté de Sémen. Elle se couvrit d’un bout du caftan et se coucha ; mais elle ne put dormir : l’étranger la préoccupait, et puis elle songea qu’on avait mangé tout ce qui restait de pain, qu’on en manquerait le lendemain, et que la chemise et les braies de Sémen étaient données ; elle se sentait triste et inquiète. Mais en se rappelant le sourire de l’étranger, elle eut un tressaillement de joie. Longtemps Matréna ne put dormir. Sémen ne dormait pas non plus, et tirait le caftan de son côté.