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mieux de me demander d’abord quel est cet homme.

— Commence par dire où tu as perdu l’argent, interrompit la baba.

Sémen porta la main à sa poche et en retira les trois roubles :

— Voilà l’argent. Trofimov n’a pas payé ; il a promis pour demain.

La colère reprend Matréna de plus belle. Pas de chouba, le dernier caftan mis sur le dos d’un vagabond tout nu, que, pour comble, il a amené avec lui ! Elle prend l’argent et va le cacher en disant :

— Je n’ai pas de souper ; on ne peut pas nourrir tous les ivrognes nus.

— Hé ! Matréna, tiens ta langue, prête l’oreille à ce qu’on va te dire !

— Moi ! écouter les sottises d’un imbécile qui a bu ! Que j’avais raison de me faire prier pour t’épouser ! Ma mère m’avait donné de la