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— J’ai chaud sans chouba, car j’ai bu un peu ; le vin court dans mon ventre ; à quoi bon une chouba toute neuve ? Je m’en vais, oubliant ma misère, voilà l’homme, voilà comme je suis ; qu’est-ce que cela me fait ? Je puis bien vivre sans chouba, toute ma vie je m’en passerai. Mais il y a une chose : la baba sera affligée ! et vrai, il y a de quoi. On travaille pour eux, ils vous font courir, peiner, suer, ces moujiks. « Attends un peu ! tu ne m’apportes pas d’argent, je te tire ma révérence ; vrai Dieu ! Je t’envoie promener… » Quelles sont ces manières de payer par des vingt kopeks ! Que peut on faire avec vingt kopeks ? On les boit au cabaret, voilà tout. Alors ils vous disent : « La misère ! » — « Ta misère, à toi ! Et la mienne donc ! Tu as une maison, du bétail, et tout, et moi, je n’ai que moi. Tu manges le pain qui vient dans ton champ, et moi j’achète le mien ; coûte que coûte, j’ai