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rien pour le payer ; on ne lui donna que vingt kopeks pour un ressemelage. Le cordonnier croyait pouvoir acheter les peaux à crédit ; mais le marchand ne voulut pas lui faire crédit.

— Apporte-moi l’argent, dit-il, et alors tu choisiras les marchandises que tu voudras ; car nous savons combien il est malaisé de nous faire payer.

Le cordonnier ne fit pas d’affaires ; il ne reçut, avec les vingt kopeks pour un ressemelage, qu’une vieille paire de valenki[1] qu’on lui donna à raccommoder.

Il s’en alla, fort triste, au cabaret, boire ses vingts kopeks, puis se remit en route sans les peaux. Le matin, il avait eu froid tout le long du chemin, mais, après avoir bu, il avait chaud, et sans chouba. Le voilà qui trotte, qui frappe de son bâton le sol glacé ; il s’égaie, il fait tournoyer les valenki ; il se disait :

  1. Bottes en feutre pour l’hiver.