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lait le saisir, l’arrêter, le fixer. Il y aurait si peu à faire, lui semblait-il.

« Non, je retournerai chez Piotr Ivanovitch » (c’était cet ami dont l’ami était médecin).

Il sonna, ordonna d’atteler et s’apprêta à sortir.

— Où vas-tu, Jean ? demanda sa femme avec une expression de tristesse et de bonté inaccoutumée. Cette bonté passagère l’irrita. Il la regarda d’un air morne.

— J’ai besoin de voir Piotr Ivanovitch.

Il alla donc chez l’ami dont l’ami était médecin. Ils se rendirent ensemble chez le docteur. Ils le trouvèrent, et Ivan Ilitch s’entretint longuement avec lui.

Après avoir examiné au point de vue anatomique et physiologique ce que lui avait dit le docteur il finit par comprendre. Il y avait une toute petite chose dans l’intestin aveugle, un rien. Cela pouvait très bien s’arranger. Si l’on renforçait l’énergie d’un organe en diminuant l’activité de l’autre, la nutrition deviendrait normale et l’équilibre se rétablirait.

Il fut un peu en retard pour le dîner. Il mangea, causa gaîment, mais il ne pouvait se résoudre à se retirer dans son cabinet de travail. À la fin il s’y décida, et aussitôt se mit à la besogne. Il lisait des dossiers, travaillait, mais l’idée qu’il avait une affaire urgente, importante, personnelle, dont il s’occuperait ensuite, ne le quittait pas. Quand il eut