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le fils était au collège ou préparait à la maison ses devoirs avec des répétiteurs : il travaillait très bien.

Tout allait à souhait. Après dîner, s’il n’y avait pas de monde, Ivan Ilitch lisait le livre dont on parlait, et le soir il se mettait à ses affaires, c’est-à-dire qu’il dépouillait les dossiers, compulsait le code, comparait les dépositions, cherchait la loi à appliquer. Il ne trouvait à ce travail ni ennui ni plaisir. Il eût certes préféré jouer aux cartes, mais à défaut de cartes mieux valait s’occuper de la sorte que de rester oisif, ou en tête-à-tête avec sa femme. Un des plaisirs d’Ivan Ilitch, c’était les petits dîners qu’il offrait à quelques personnages importants. Ces réunions rappelaient les distractions de tous les gens de son milieu, comme son salon rappelait les leurs. Une fois même il donna une vraie soirée. On dansa. Ivan Ilitch était ravi, et la joie eût été parfaite sans une brouille qui survint à propos des gâteaux et des bonbons. Prascovie Fédorovna avait son idée, mais Ivan Ilitch insista pour prendre tout chez un confiseur très cher. Il commanda beaucoup de gâteaux qui restèrent, et la note se montait à 45 roubles. La dispute fut vive et désagréable. Prascovie Fédorovna traita son mari d’imbécile. Lui se prit la tête à deux mains et, sous le coup de l’irritation, il prononça le mot de divorce.

La soirée, néanmoins, fut des plus réussies. La