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fait mal, mais ça passera, ce n’est qu’un bleu.

Et l’on vécut dans le nouvel appartement. Comme toujours, au bout d’un certain temps, on s’aperçut qu’il manquait une pièce, et que les nouveaux appointements étaient insuffisants : cinq cents roubles de plus, et tout eût été parfait.

Au début surtout, tant qu’il resta quelques petits arrangements à faire, tout alla bien : il fallait acheter une chose, déplacer ou ajouter un meuble. Malgré quelques légers dissentiments entre les époux, ils étaient si contents, ils avaient tant à faire, que tout s’arrangeait sans grandes querelles. Lorsque tout fut complètement terminé, ils commencèrent à s’ennuyer un peu ; quelque chose leur manquait. Alors les nouvelles relations, les nouvelles habitudes, vinrent remplir leur existence. Ivan Ilitch rentrait dîner après sa matinée passée au tribunal, et les premiers temps, il était toujours d’excellente humeur, quoiqu’il fût souvent contrarié au sujet de l’appartement. Il suffisait d’une tache sur un tapis ou sur les tentures, d’un cordon de rideau cassé, pour l’irriter. Tout cela lui avait coûté tant de peine, que la moindre chose l’agaçait. Mais, en général, sa vie s’annonçait agréable, facile et convenable, précisément comme il le souhaitait. Il se levait à neuf heures, prenait son café, lisait son journal, et après avoir endossé son uniforme, il se rendait au tribunal. Habitué à ce joug, il s’y pliait sans effort, et tout marchait comme sur