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XXI

— Tels étaient nos rapports quand parut cet homme. Il arriva à Moscou. Il se nommait Troukhatchevsky. Il vint chez moi. C’etait un matin. Je le reçus. Autrefois nous nous tutoyions. Il essaya par des phrases impersonnelles de réimplanter le toi. Mais, résolument, je donnai le ton en vous, et aussitôt il l’accepta. Il me déplut du premier coup d’œil. Mais, chose étrange, une force bizarre, fatale, me contraignait à ne pas le repousser, à ne pas l’éloigner, mais, au contraire, à le laisser approcher. Rien n’eût été plus simple que de s’entretenir quelques minutes avec lui, froidement, et de le congédier sans le présenter à ma femme. Mais non, comme exprès, je mis la conversation sur son art et lui dis que j’avais entendu qu’il avait abandonné le violon. Il répondit qu’au contraire il en jouait maintenant plus que jamais. Il se rappelait