Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivre leurs indications, grâce aux microbes qu’ils voient partout, l’humanité, au lieu de tendre à l’union, irait à la désunion complète, tout le monde, d’après leurs théories, devant s’isoler et tenir toujours dans sa bouche une seringue à acide phénique (d’ailleurs, ils ont trouvé à présent que ce n’est plus bon). Mais ce n’est rien. Le poison suprême c’est le pervertissement des gens, des femmes surtout.

On ne peut plus dire maintenant : « Tu vis mal, vis mieux », on ne peut plus le dire ni à soi-même ni aux autres. En effet, si tu vis mal, la cause est dans le système nerveux ou dans quelque chose de semblable, etc. Et il faut aller les consulter et ils te prescriront pour trente-cinq kopeks de remèdes pris à la pharmacie, et il te faut les avaler !

Ton état empire, encore des médecins, encore des remèdes. La bonne affaire !

Mais revenons à notre sujet. Je disais que ma femme nourrissait bien ses enfants, que la gestation et l’allaitement des enfants apaisaient mes tortures de jalousie, Si ce n’eut été cela, tout serait arrivé auparavant. Les enfants me sauvaient et la sauvaient. En huit ans, elle eut cinq enfants et, sauf le premier, elle les nourrit tous.

— Où sont maintenant vos enfants ? demandai-je.

— Les enfants ? fit-il d’un ton effrayé.