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premier enfant fut souffrant. Les médecins qui cyniquement la déshabillèrent et la tâtèrent partout, et que je dus remercier et payer pour cela, ces chers médecins trouvèrent qu’elle ne devait pas nourrir, et elle fut momentanément privée du seul remède qui pouvait la débarrasser de la coquetterie. C’est une nourrice qui acheva de nourrir ce premier-né, c’est-à-dire que nous profitâmes de la misère et de l’ignorance d’une femme pour la voler à son petit en faveur du nôtre, en revanche nous la parâmes d’une coiffure à galons dorés. Mais il ne s’agit pas de cela, ce qui importe c’est que chez ma femme se réveilla cette coquetterie endormie pendant qu’elle allaitait. Cette coquetterie raviva en moi les souffrances de la jalousie qui ne cessa de me tourmenter durant toute ma vie conjugale, comme elle ne peut pas ne pas tourmenter tous les maris qui vivent avec leurs femmes comme je vivais avec la mienne, c’est-à-dire immoralement.