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qui ont transgressé les lois de la nature. Mais les possédées et les clientes de Charcot sont des créatures complètement finies, tandis que de femmes à demi estropiées le monde regorge. Si l’on songeait quelle grande œuvre est pour la femme la gestation ou l’allaitement ! En elle se forme l’être qui nous continue. Et cette œuvre sainte est gênée, rendue pénible, par quoi ? Il est effroyable d’y penser ! Et après cela on parle de la liberté, des droits de la femme. C’est comme des anthropophages gavant leurs prisonniers pour les dévorer et leur assurant en même temps qu’on prend soin de leurs droits et de leur liberté.

Tout cela était neuf et me surprenait.

— Mais alors, s’il en est ainsi, dis-je, il en résulte qu’on peut aimer sa femme seulement une fois tous les deux ans, et comme l’homme…

— Et l’homme en a besoin, répéta-t-il. Au moins les charmants prêtres de la science nous l’assurent. Je les forcerais, ces pontifes, à remplir l’emploi de ces femmes qui, d’après eux, sont nécessaires aux hommes, qu’est-ce qu’ils chanteraient alors ? Affirmez à l’homme qu’il a besoin d’eau-de-vie, de tabac, d’opium, et il croira tout cela nécessaire. Il en résulte que Dieu n’a pas su arranger l’affaire comme il faut, puisque, sans demander l’avis des pontifes, il a combiné ainsi la chose. L’homme a besoin de satisfaire sa volupté, ainsi ont-ils décidé, et voilà que ce besoin est dérangé par la naissance