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compliquée, la forme sous laquelle cette affaire devait être présentée sur le papier, et dont sa personnalité était totalement exclue, s’attachant principalement à ce que les formes exigées par la loi fussent observées. C’était là quelque chose de tout nouveau. Il fut l’un des premiers qui mirent en pratique le Code de 1864.

Dans sa nouvelle résidence, Ivan Ilitch fit de nouvelles connaissances ; il se fit de nouveaux amis, et changea de ton. Il se tint à une distance respectueuse des autorités provinciales, et se créa des relations choisies parmi les magistrats et les gentilshommes riches de l’endroit ; il prit un léger ton d’opposition contre le gouvernement, et affecta les dehors d’un libéral modéré, d’un citoyen austère. Mais Ivan Ilitch ne changea rien à l’élégance de sa mise ; il cessa seulement de se raser le menton et laissa pousser toute sa barbe.

La vie d’Ivan Ilitch s’écoulait très agréablement. Les membres de la société frondeuse qui l’avait accueilli étaient étroitement unis entre eux ; il touchait un plus gros traitement et, parmi les distractions nouvelles, il apprécia surtout le whist, qu’il jouait avec finesse et sang-froid, de sorte qu’il gagnait toujours.

Il était depuis deux ans dans sa nouvelle résidence lorsqu’il rencontra celle qui devait devenir sa femme. Prascovie Fédorovna Mickel était la jeune fille la plus attrayante et la plus spirituelle