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façon de se coiffer les cheveux, de la couleur et de la forme d’une robe. Demandez à nimporte quelle coquette expérimentée, qui s’est donné la tâche de séduire un homme, demandez-lui ce qu’elle préférerait en présence de celui qu’elle est en train de conquérir : être convaincue de mensonge, de cruauté, même de perversité, ou paraître devant lui vêtue d’une robe mal faite ? Chacune préférera toujours la première alternative. Elle sait parfaitement que nous mentons quand nous parlons de nos sentiments élevés, que nous ne cherchons que la possession de son corps et qu’à cause de cela nous lui pardonnerons toutes ses ignominies, tandis que nous ne lui pardonnerons pas un costume de mauvais ton, sans goût, et mal fait.

Or, ces choses-là, la coquette les connaît par expérience, tandis que la jeune fille innocente ne les connaît que d’instinct, comme les animaux.

C’est pourquoi nous voyons ces abominables jerseys, ces bosses artificielles sur le derrière, ces épaules, ces bras, ces seins presque nus. Les femmes, surtout celles qui ont passé par l’école des hommes, savent parfaitement que les conversations sur des sujets élevés ne sont que des conversations, et que l’homme cherche et veut le corps et tout ce qui orne le corps. Et elles agissent en conséquence. Si l’on rejette l’habitude de cette ignominie qui est devenue pour nous une seconde nature, et si l’on envisage la vie de nos classes