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de ma résolution. C’est la troisième fois que je prends le chemin de ce village, et je sais que là, et là seulement, je trouverai la paix de l’âme.

— Où ? demanda le médecin.

— Chez les chrétiens.

— Oui, peut-être, tu trouveras la paix de l’âme, mais tu ne fais pas ton devoir. Tu manques de courage, ami, les malheurs t’abattent. Ce n’est pas ainsi qu’agissent les vrais philosophes. Le malheur n’est que le feu qui éprouve l’or. Tu as passé par l’épreuve. Maintenant on a besoin de toi, et c’est maintenant que tu désertes. C’est à ce moment que tu dois te mettre à l’épreuve, et les autres aussi. Tu as acquis la vraie sagesse, c’est ton devoir de t’en servir pour le bien de ton pays. Que deviendront les citoyens, si ceux qui ont acquis une connaissance profonde des hommes, de leurs passions, des conditions de leur vie, au lieu de faire bénéiicier la société de ce savoir, de cette expérience, s’enterrent et ne cherchent que le repos et la tranquillité pour eux-mêmes. Ta sagesse, tu l’as gagnée dans la société, il est de ton devoir d’en partager le profit avec elle.

— Je ne possède aucune sagesse. Je suis un tissu d’erreurs. C’est vrai qu’elles sont anciennes, mais cela ne les transforme pas en sagesse, de même que l’eau, quelque vieille et corrompue qu’elle soit, ne devient pas du vin.

Après qu’il eut dit cela, Jules remit son man-