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pour que leur procès et leur exécution eussent lieu publiquement.

Jules fut surpris de cette demande de Pamphile, mais il lui promit de faire tout ce qu’il pourrait.

— Je te promets d’intervenir, dit Jules, mais par amitié pour toi, et à cause de cette disposition particulière de bienveillance que tu provoques toujours en moi, en même temps, je dois te dire que je trouve vos doctrines extravagantes et dangereuses au plus haut degré. Je puis parler ainsi parce qu’il n’y a pas longtemps, dans un moment de dépression morale, de maladie, j’ai partagé vos idées à un tel point que j’ai failli renoncer à tout et aller chez vous. Je sais où est votre erreur parce que j’ai passé par là : c’est l’égoïsme, la faiblesse et la débilité maladive. C’est une religion pour les femmes, non pour les hommes.

— Pourquoi ?

— Parce que, par orgueil, au lieu de participer par votre travail dans les affaires publiques, et, selon vos mérites, de vous élever de plus en plus dans l’estime des hommes, vous déclarez que tous les hommes sont égaux afin de ne considérer personne au-dessus de vous, et de vous considérer tous égaux à César. Vous pensez ainsi et vous l’enseignez aux autres. Pour les faibles et les paresseux, cette tentation est grande ! Au lieu de travailler, chaque esclave se considère tout simplement l’égal de César. Si les hommes vous avaient écoutés, la société