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Jules. À toutes les demandes de demeurer afin de continuer ses études, Pamphile opposa un refus inébranlable. Il remercia vivement ses amis des preuves d’affection et des soins qu’ils lui avaient donnés, et il les quitta.

Deux années s’écoulèrent. Jules avait terminé ses études sans revoir son ami pendant tout ce temps. Un jour, il le rencontra dans la rue, et il l’invita à venir chez son père où il le questionna sur la manière dont il vivait. Pamphile répondit qu’il demeurait toujours dans la même ville avec sa mère.

— Nous ne vivons pas seuls, mais en commun avec un grand nombre d’amis et nous partageons tout entre nous, dit-il.

— Qu’est-ce que cela veut-dire : en commun ? demanda Jules.

— Que nul ne considere une chose comme lui appartenant.

— Pourquoi faites-vous cela ?

— Nous sommes chrétiens, répondit Pamphile.

— Est-ce possible ! s’écria Jules. Je me suis laissé dire que les chrétiens massacrent les petits enfants et les mangent ? Es-ce que tu prends part à cela ?

— Viens voir par toi-même, répondit Pamphile. Nous ne faisons rien d’extraordinaire ; nous vivons très simplement, en tâchant d’éviter le mal.

— Mais comment est-il possible de vivre en ne considérant rien comme votre propriété ?