Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol27.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

racheter ses péchés. Il n’était tourmenté que de ses actes personnels : avoir, étant chef, battu et châtié des hommes cela seul troublait sa conscience. Mais pour racheter ses fautes, il croit en un moyen : en la communion. Il espère pouvoir l’obtenir avant la mort ; il en a déjà prié sa nièce ; celle-ci, comprenant toute l’importance de cet acte, le lui a promis, et il est tranquille.

Avoir pillé, tué des femmes et des enfants innocents, assasiné des hommes à coups de baïonnette, fouetté jusqu’à la mort des malheureux qu’il a traînés à l’hôpital pour les tourmenter de nouveau, cela ne trouble pas sa conscience ; ce ne sont pas ses affaires il semble que ce soit un autre et non lui qui ait fait cela.

Qu’aurait pensé ce vieillard s’il avait compris, ce qui aurait dû être si clair pour lui à la veille de la mort, qu’entre sa conscience et Dieu il n’y a pas, il ne peut y avoir, même à l’heure de la mort, aucun intermédaire ; et qu’il ne pouvait non plus y avoir aucun intermédiaire le forçant à faire souffrir et à tuer des hommes ? Qu’adviendrait-il, s’il comprenait maintenant que rien ne peut racheter le mal qu’il a fait alors qu’il pouvait ne pas le faire ? s’il comprenait qu’il n’y a qu’une seule et éternelle loi qui demande l’amour et la pitié aux hommes, et que ce qu’il appelait tout à l’heure la loi, n’est qu’une tromperie honteuse, indigne, à laquelle il ne devait pas se laisser prendre ? C’est terrible de