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Ich danke, lieber Karl Ivanovitch ![1] — et continuant à parler en allemand, elle demanda : « Les enfants ont bien dormi ? »

Karl Ivanovitch était sourd d’une oreille, et de plus, en ce moment, il n’entendait rien à cause du piano. Il se courba encore plus bas vers le divan, un pied en l’air et une main appuyée sur la table, souleva sa calotte, et dit avec un sourire, qui alors me semblait la quintessence des belles manières :

— Vous permettez, Natalia Nicolaïevna ?

Karl Ivanovitch ne se séparait jamais de sa calotte rouge, de peur de prendre froid à sa tête chauve, mais chaque fois qu’il entrait au salon, il demandait la permission de s’en coiffer.

— Couvrez-vous, Karl Ivanovitch… Je vous demande si les enfants ont bien dormi ? — dit maman en se tournant vers lui et en élevant la voix.

Mars il n’entendit encore rien, posa sur son crâne chauve sa calotte rouge et sourit encore plus gracieusement.

— Arrêtez-vous un instant, Mimi, dit maman, avec un sourire, à Maria Ivanovna. On n’entend rien.

Quand maman souriait, si beau que fût son visage, il devenait encore plus beau, et on aurait dit que la joie se répandait autour d’elle. Si je pouvais seulement entrevoir ce sourire dans les moments

  1. Merci, mon cher Karl Ivanovitch !