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vais honte de pleurer devant lui ; de plus, le soleil du matin brillait gaîment dans la fenêtre, et Volodia, devant sa cuvette, en singeant Maria Ivanovna, (la gouvernante de notre sœur), riait de si bon cœur et si haut, que même le sérieux Nikolaï, la serviette sur l’épaule, le savon d’une main, et le pot à eau de l’autre, en souriant disait :

— Assez, Vladimir Petrovitch, veuillez vous laver.

Toute ma tristesse se dissipa.

Sind sie bald fertig ?[1] — résonna la voix de Karl Ivanovitch, du fond de la salle de classe.

Sa voix était sévère et n’avait déjà plus cette expression de bonté qui m’avait touché jusqu’aux larmes. En classe, Karl Ivanovitch était un tout autre homme : il était précepteur. Je m’habillai vivement, je me lavai, et tenant encore à la main la brosse, en lissant mes cheveux humides, je me rendis à son appel.

Karl Ivanovitch, ses lunettes sur le nez et un livre à la main, était assis à sa place accoutumée, entre la porte et la fenêtre. À gauche de la porte, il y avait deux petites tablettes, l’une, la nôtre, celle des enfants ; l’autre — la sienne, celle de Karl Ivanovitch. Sur la nôtre se trouvaient toutes sortes de livres de classe et d’autres ; les uns debout, les autres couchés. Deux gros volumes reliés en rouge

  1. Êtes-vous bientôt prêts ?