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XXVII

LE COMMENCEMENT DE L’AMITIÉ


Depuis ce jour, entre moi et Dmitri Nekhludov s’établirent des relations assez bizarres mais extrêmement agréables. Devant les étrangers il fait à peine attention à moi ; dès qu’il nous arrive d’être seuls, nous nous installons dans un petit coin et nous nous mettons à raisonner en oubliant tout, même la fuite du temps.

Nous nous entretenons tantôt de la vie future, des arts, du service, du mariage, de l’éducation des enfants, et jamais il ne nous vient en tête que tout ce que nous disons est terriblement absurde. Cela ne nous venait pas en tête parce que l’absurde que nous disions était un absurde intelligent et agréable, et que pendant la jeunesse on apprécie encore l’esprit, on croit en lui. Pendant la jeunesse, toutes les forces de l’âme sont dirigées vers l’avenir,