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— Eh bien, tu seras à la maison, ce soir ?

— Je ne sais pas ; et quoi ?

— Comme ça, dis-je ; — et voyant que la conversation ne mordait pas, je pris le livre et commençai à lire.

C’est étrange : en tête à tête avec Volodia, pendant des heures entières, nous gardions le silence, mais il suffisait de la présence d’un tiers, même silencieux, pour qu’entre nous commençât la conversation la plus intéressante et la plus variée. Nous sentions que nous nous connaissions trop bien l’un l’autre, et se connaître trop ou trop peu empêche également le rapprochement.

— Volodia est à la maison ? — s’entendit de l’antichambre, la voix de Doubkov.

— Oui, — dit Volodia en baissant ses jambes et en posant son livre sur la table.

Doubkov et Nekhludov, en manteau et en chapeau, entrèrent dans la chambre.

— Eh bien, vous allez au théâtre, Volodia ?

— Non, je n’ai pas le temps, — répondit-il en rougissant.

— En voilà des bêtises ; allons, s’il te plaît !

— Mais je n’ai même pas de billet.

— Tu en auras tant que tu voudras à l’entrée.

— Attends, je reviens tout de suite, — répondit Volodia pour s’esquiver ; et faisant un mouvement d’épaules, il sortit de la chambre.

Je savais que Volodia désirait vivement aller au