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étroit semble, je ne sais pourquoi, excusable et charmant. En outre, pour Volodia et pour moi, Doubkov avait un double charme : un aspect martial, et précisément l’âge que les jeunes gens ont l’habitude d’assimiler à la conception du comme il faut, qui est très apprécié alors. Toutefois, Doubkov était vraiment ce qu’on peut appeler « un homme comme il faut. » Une seule chose m’était désagréable, c’est que Volodia, devant lui, avait l’air honteux de mes actes les plus innocents, et de ma jeunesse.

Nekhludov n’était pas si beau : ses petits yeux gris, son front bas et droit, la longueur démesurée de ses mains et de ses pieds, ne pouvaient être considérés comme de beaux traits. Ce qu’il avait de bien, c’était la haute taille, le teint frais et des dents éblouissantes. Mais son visage revêtait une expression énergique et originale due aux yeux petits et brillants, et, grâce à l’expression mobile, tantôt sévère, tantôt presque enfantine du sourire, il était impossible de ne pas le remarquer.

Il semblait très timide, car la moindre chose le faisait rougir jusqu’aux oreilles, mais sa timidité ne ressemblait pas à la mienne ; plus il rougissait, plus son visage exprimait de résolution, comme s’il se fâchait contre lui-même pour sa faiblesse.

Bien qu’il semblât très ami avec Doubkov et Volodia, il était évident que seul le hasard les avait