trent dans nos yeux, et nous ne pouvons retenir l’éclat de rire qui nous étouffe. À peine sommes nous un peu calmés, que je regarde Lubotchka et prononce notre mot favori, à la mode parmi nous depuis quelque temps et qui provoque toujours le rire, et de nouveau nous éclatons.
En approchant de la maison, je venais d’ouvrir la bouche pour faire à Lubotchka une magnifique grimace, quand subitement le couvercle noir d’un cercueil appuyé contre le battant de la porte du perron, frappa mes yeux, et ma bouche resta dans la même grimace.
— Votre grand’mère est morte ! — dit Saint-Jérôme, avec un visage pâle, en s’avançant vers nous.
Tout le temps que le corps de grand’mère est dans la maison, j’éprouve le sentiment pénible de la peur de la mort, c’est-à-dire que le cadavre me rappelle très vivement et péniblement qu’un jour viendra où moi aussi je mourrai, sentiment qu’on est habitué à confondre avec la tristesse. Je ne regrette pas grand’mère, et à dire vrai, à peu près personne ne la regrette. Bien que la maison soit pleine d’invités en deuil, personne n’est triste de sa mort, sauf une personne dont la douleur désespérée me frappe plus que je ne saurais le dire. Cette personne c’est la femme de chambre Gacha. Elle va au grenier, s’y enferme et pleure sans cesse, elle se maudit, s’arrache les cheveux, ne veut rien entendre et dit qu’après la mort de sa