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la glace, et tout ce qu’elle ne voudrait pas faire, je le ferais, je lui donnerais son manteau, je lui servirais à manger…

Quelle dégoûtante figure d’ivrogne a ce Vassili, avec son paletot étroit sur une chemise rose, malpropre ! Dans chaque mouvement de son corps, dans chaque courbure de son dos il me semble voir les signes indélébiles de la punition infamante qui l’a atteint.

— Quoi Vassia, encore ? — dit Macha à Vassili qui entre ; et elle pique l’aiguille dans la pelote, sans lever la tête.

— Eh bien quoi ? de lui peut-on attendre quelque chose de bien ? — répond Vassili. — Qu’il décide au moins quelque chose, autrement je me perds pour ça, pour rien, et tout à cause de lui.

— Vous prendrez du thé ? — demande Nadiejda, une autre femme de chambre.

— Je vous remercie. Et pourquoi me déteste-t-il, ce voleur, ton oncle, pourquoi ? Parce que j’ai un vrai habit, moi, parce que je suis fort, parce que j’ai bonne tournure, en un mot… eh ! eh ! — conclut Vassili en faisant un signe de main.

— Il faut se soumettre — dit Macha en coupant son fil avec ses dents, — et vous, vous êtes toujours comme ça…

— Je ne peux plus, voilà tout !

Dans ce moment, de la chambre de grand’mère,