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et le sentiment de franchise et de véracité ne lui permet pas de se taire sur le côté sombre de la vie du peuple. S’il présente les justes du peuple, à côté de cela, il écrit La Puissance des Ténèbres, où, avec une rudesse impitoyable, il dépeint la grossièreté, la superstition, la sauvagerie qui va jusqu’à la cruauté ; mais il introduit dans le cœur des malfaiteurs qu’il peint, l’étincelle divine qui les retient de la perte définitive. Et pour cette impartialité, pour cette vérité, douce ou amère, avec laquelle il présente la vie intérieure et extérieure du peuple, le peuple aime Tolstoï.

Les œuvres des deux périodes diffèrent beaucoup par les circonstances qui ont accompagné leur apparition. Tandis que les œuvres de la première période parurent normalement, d’abord dans une revue, et ensuite en volumes, les œuvres de la deuxième période, pour la plupart, furent ou tout à fait défendues, ou à tel point déflorées par la censure russe, qu’on pouvait à peine les reconnaître.

Ces circonstances ont causé de grandes erreurs dans la critique des œuvres de cette période.

Premièrement : comme la censure effaçait toutes les dénonciations des violences et du mensonge des gouvernements et de l’Église et laissait les dénonciations des violences et du mensonge des institutions sociales, ces œuvres tronquées permirent souvent,