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VI

MACHA


Parmi les changements qui avaient lieu dans ma façon de voir les choses, aucun ne me surprit davantage, que celui grâce auquel, dans une de nos femmes de chambre, je cessai de voir la servante et commençai à voir la femme, de qui pouvait dépendre, jusqu’à un certain point, ma tranquillité et mon bonheur.

Du plus loin que je me rappelle, je me souviens aussi d’avoir vu dans notre maison Macha, et jamais, jusqu’à l’occasion qui changea complètement mes regards sur sa personne, et que je raconterai tout de suite, je ne fis la moindre attention à elle. Macha avait près de vingt-cinq ans quand j’en avais quatorze ; elle était très belle, mais je n’ose pas la décrire, j’ai peur que mon imagination ne me présente de nouveau l’image enchanteresse et