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IV

À MOSCOU


Arrivé à Moscou, mon point de vue sur les choses et les personnes et mes relations envers elles, se modifia encore plus sensiblement.

À la première rencontre avec grand’mère, quand j’aperçus sa figure maigre, ridée et ses yeux éteints, le sentiment de respect soumis et de crainte que j’éprouvais naguère pour elle, fit place à la compassion, et quand, laissant tomber son visage sur la tête de Lubotchka, elle sanglota comme si, devant ses yeux, était le cadavre de sa fille tant aimée, ma compassion se changea en un sentiment d’affection. Je me sentais mal à l’aise de son chagrin en nous revoyant, j’avais conscience que par nous-mêmes, nous n’étions rien devant ses yeux et que nous ne lui étions chers que par le souvenir, je sentais que dans chaque baiser dont