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XXVIII


DERNIERS SOUVENIRS TRISTES


Maman n’était plus, mais notre vie marchait toujours de la même façon : nous nous couchions et nous levions aux mêmes heures, dans la même chambre ; le thé du matin et du soir, le dîner et le souper, tout était comme à l’ordinaire ; les tables, les chaises étaient aux mêmes places, rien dans la maison ni dans le train de la vie n’était changé ; elle seule manquait…

Il me semblait qu’après un tel malheur tout dût changer. Notre train de vie accoutumé me semblait un outrage à sa mémoire, et me rappelait trop vivement son absence.

La veille de l’enterrement, après le dîner, j’avais envie de dormir et suis allé dans la chambre de Natalia Savichna, comptant m’installer sur son lit, sur la douce couette de plume, sous les chaudes