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XXIII


APRÈS LA MAZURKA


Pendant le souper, le jeune homme qui avait dansé dans le premier couple se plaça à notre table d’enfants et m’accorda une attention particulière qui eût assez flatté mon amour propre, si j’avais pu, après le malheur qui m’était arrivé, sentir quelque chose. Mais on aurait dit qu’il voulait, coûte que coûte, m’égayer ; il me faisait des agaceries, m’appelait bon enfant, et dès qu’aucune des grandes personnes ne nous regardait, il versait dans mon verre des vins divers et m’obligeait à boire. À la fin du repas, quand le maître d’hôtel me versa une demi-coupe de champagne, d’une bouteille entourée d’une serviette, et que le jeune homme insista pour qu’on me la remplît, et qu’il me la fit avaler d’un coup, je sentis une chaleur agréable dans tout mon corps, une tendresse par-