Page:Tolstoï - Œuvres complètes vol1.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

derrière la salle de classe, et on lui apporta un habit bleu et différents objets blancs. Près de la porte conduisant aux étages inférieurs on entendit la voix de l’une des femmes de chambre de grand’mère. Je sortis pour savoir ce qu’elle voulait. Elle tenait à la main un plastron de chemise fortement empesé et me dit qu’elle l’apportait à Karl Ivanovitch et que même elle n’avait pas dormi de la nuit pour le lui préparer à temps. Je me chargeai de remettre le plastron et demandai si grand’mère était déjà levée ?

— Comment, levée ! elle a déjà pris son café et l’archiprêtre est arrivé. Comme vous êtes beau ! — ajouta-t-elle en regardant, avec un sourire, mon nouvel habit.

Cette remarque me fit rougir, je pirouettai sur le talon, fis claquer mes doigts et sautai, désirant ainsi lui faire comprendre qu’elle ne savait pas encore très bien à quel point, en effet, j’étais beau.

Quand j’apportai le plastron de chemise à Karl Ivanovitch, il n’en avait déjà plus besoin : il en avait pris un autre, et, penché devant le petit miroir posé sur la table, il tenait à deux mains une superbe cravate de soie et essayait d’y entrer et d’en sortir librement son menton soigneusement rasé. Il étira nos habits de tous côtés, pria Nikolaï de lui rendre le même service, et nous conduisit chez grand’mère. Je ris en pensant à la forte odeur de pommade qui se dégageait de